Le stalinisme et Ceaucescu
L’armisticesigné
le 13 septembre 1944, le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms
à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie, devenue en 48
une démocratie populaire sous le joug de l’URSS stalinienne... où de
nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc.... sont
organisés pour la prise de pouvoir d'un PC qui ne regroupait que
quelques centaines d’adhérents en 1945. Il
ne semble pas que sous Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une
différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres
citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisé comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.
Mais
en 1965, Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus
forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses
distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas
ses chars à Prague en 1968, la Roumanie devient le plus convenable des
pays de l’Est pour l’Occident. De Gaulle, en voyage officiel en Roumanie
en 1968, proclame " La Roumanie aux roumains ".
Les daces, |
"surhommes" de Ceaucescu |
SUR LES 80.000 ENFANTS
trouvés en 1990 dans les orphelinats roumains, (véritables mouroirs au taux de
mortalité de 50 et 60%/ an) 80% étaient roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population). Matériel non stérile, épidémies de sida, hépatites, choléra... ce nombre incroyablement élevé serait le résultat d’une politique délibérée : au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs épongeaient le surplus: une autre forme de génocide.
mortalité de 50 et 60%/ an) 80% étaient roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population). Matériel non stérile, épidémies de sida, hépatites, choléra... ce nombre incroyablement élevé serait le résultat d’une politique délibérée : au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs épongeaient le surplus: une autre forme de génocide.
La "révolution" roumaine et les pogroms qui ont suivi
Lors
de la révolution de décembre 1989 qui débarrassa le pays des
Ceausescu, le racisme dont les roms sont les premières victimes demeure.
Des rumeurs circulent, ils auraient tous étaient des agents de la Securitate, Ceausescu
lui-même aurait été rom, la presse ne cesse de publier des articles sur
des foules armées de couteaux qui sèmeraient la terreur dans le train
Sofia-Bucarest, l’Orient express devra être placé sous surveillance
policière pour éviter les raids romani etc... Une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Dans des villages, des maisons sont incendiées, des roms, assassinés...
Du 13 au 15 juin, des mineurs, amenés en train à Bucarest pour réprimer des manifestations anti-Illescu (chef du gouvernement), encadrés par des officiers de police, se dirigent vers les campements roms de la banlieue et les détruisent. Des hommes sont battus jusqu’à perdre conscience, des femmes violées, nombre sont emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Les incendies, parfois accompagnés de lynchages s'intensifient. Quasiment quotidiens, il arrive que leur cause officielle soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjés et roms et que la police n'intervienne qu'après.. pour arrêter les roms qui y auraient participé !
Exemple d'un
rapport de commission gouvernementale suite à un pogrom: on peut y
lire que "les événements n’ont pas motivations ethniques, la communauté
rom a sa part de responsabilité... elle est un danger pour la stabilité
ethnique... car ils ont entre 5 et 10 enfants, ne sont pas du village,
ne possèdent pas de terre donc certains vivent du vol.. que leur niveau
culturel est très bas... ils n’observent pas les rites religieux
orthodoxes, n’ont pas de société agraire, perturbent
l’ordre par des violences verbales... obscènes, volent etc... une
véritable synthèse des préjugés racistes significative de la façon dont
police et justice traitent ces pogroms.
"Mort aux tziganes"! (en 90!)
Ce
genre de violences de grande envergure à l’encontre des roms a perduré
pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la
Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (23 avril
2002), "les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits
durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de
la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont
apaisés". Pourtant, les discriminations subsistent à tous niveaux :
violences policières régulières, politiques municipales dont le but est
de les chasser, ségrégation dans les écoles, discriminations à
l’embauche -dans les ANPE certaines offres précisent qu'elles ne
s'adressent pas aux roms- discriminations quant à l’accès aux soins ou à
certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés
les présentant régulièrement comme un peuple de délinquants, etc...
L’extrême droite raciste, le Parti de la Grande Roumanie fait chorus
avec une propagande anti-rom, antisémite et anti-magyar (anti-hongrois).
La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans
"Mort aux tsiganes !" ou "Les roms hors de Roumanie! "
Le
13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont
attaqué un quartier romani de Sabolciu; le 8 mai 2002, environ 200
supporters de foot s'en prennent à un quartier rom de Bucarest en criant
"les tsiganes hors de Roumanie", les agresseurs tabassant des
habitants, cassant des carreaux et détruisant les portes pour entrer. La
Desrrobireja des roms reste à conquérir. Cela explique -à nouveau- leur
exode vers la France, le pays des droits de l'homme dont Sarko est un
fleuron (!)
Notes.
Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861 (l'indépendance)
après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La
Valachie est la région de Bucarest, la Moldavie, de Iasi. Le pays qui
aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la
Bessarabie et de la Transnistrie.
"Rom"
["homme" en romani] et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes
-parfois-. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme
d’esclave, nous n’employons le mot français "tsigane" que pour traduire
des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.
Gadjé:
pluriel de "gadjo", désigne pour les Roms tous ceux qui ne sont pas
originaires des "peuples du voyage", ainsi qu'on les nomme parfois, improprement
car les roms sont pour la plupart sédentaires même s'ils prennent
souvent la route malgré eux. Cause ou conséquence, ils sont souvent à la
marge, habitant des HLM -ou dans des camps qu'on leur concède, la
plupart du temps mal entretenus et situés à l'écart des villes près des
décharges- mais gardent une caravane prête au cas où... et partent
parfois durant d'assez longues périodes rejoindre des parents/amis en
camp...
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