Et rien n'a changé pourtant, à en juger par ce que l'on entend et voit actuellement..

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dimanche 20 juin 2010

Ceaucescu et le stalinisme (2)

Le stalinisme et Ceaucescu

L’armisticesigné le 13 septembre 1944, le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie, devenue en 48 une démocratie populaire sous le joug de l’URSS stalinienne... où de nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc.... sont organisés pour la prise de pouvoir d'un PC qui ne regroupait que quelques centaines d’adhérents en 1945. Il ne semble pas que sous Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisé comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.
 

Mais en 1965, Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas ses chars à Prague en 1968, la Roumanie devient le plus convenable des pays de l’Est pour l’Occident. De Gaulle, en voyage officiel en Roumanie en 1968, proclame " La Roumanie aux roumains ".

Les daces,


"surhommes" de Ceaucescu
Indépendante" de l’URSS, la Roumanie développe une idéologie ultra-nationaliste raciste. Ceausescu déclare  la supériorité de la race "dace". A part la campagne nationale de 1977 qui confisqua tout l’or (bijoux) appartenant aux Roms, il y a peu de documents sur leur situation à cette époque  mais un fait est avéré::.:
SUR LES  80.000 ENFANTS
trouvés en 1990 dans les orphelinats roumains,  (véritables mouroirs au taux de 
mortalité de 50 et 60%/ an) 80% étaient roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population). Matériel non stérile,  épidémies de sida, hépatites, choléra... ce nombre incroyablement élevé serait le résultat d’une politique délibérée : au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs épongeaient le surplus: une autre forme de génocide.

 La "révolution" roumaine et les pogroms qui ont suivi

Lors de la révolution de décembre 1989 qui débarrassa le pays des  Ceausescu, le racisme dont les roms sont les premières victimes demeure. Des rumeurs circulent, ils auraient tous étaient des agents de la Securitate, Ceausescu lui-même aurait été rom, la presse ne cesse de publier des articles sur des foules armées de couteaux qui sèmeraient la terreur dans le train Sofia-Bucarest, l’Orient express devra être placé sous surveillance policière pour éviter les raids romani etc... Une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Dans des villages, des maisons sont incendiées, des roms, assassinés...


Du 13 au 15 juin, des mineurs, amenés en train à Bucarest pour réprimer des manifestations anti-Illescu (chef du gouvernement), encadrés par des officiers de police, se dirigent vers les campements roms de la banlieue  et les détruisent. Des hommes sont battus jusqu’à perdre conscience, des femmes violées, nombre sont emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Les  incendies, parfois accompagnés de lynchages s'intensifient. Quasiment quotidiens, il arrive que leur cause officielle soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjés et roms et que la police n'intervienne qu'après.. pour arrêter les roms qui y auraient participé !
Exemple d'un rapport  de commission gouvernementale  suite à un pogrom: on peut y lire que "les événements n’ont pas motivations ethniques, la communauté rom a sa part de responsabilité... elle est un danger pour la stabilité ethnique... car ils ont entre 5 et 10 enfants, ne sont pas du village, ne possèdent pas de terre donc certains vivent du vol.. que leur niveau culturel est très bas... ils n’observent pas les rites religieux orthodoxes, n’ont pas de société agraire, perturbent l’ordre par des violences verbales... obscènes, volent etc... une véritable synthèse des préjugés racistes significative de la façon dont police et justice traitent ces pogroms.


"Mort aux tziganes"! (en 90!)
Ce genre de violences de grande envergure à l’encontre des roms a perduré pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (23 avril 2002), "les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont apaisés". Pourtant, les discriminations subsistent à tous niveaux : violences policières régulières, politiques municipales dont le but est de les chasser, ségrégation dans les écoles, discriminations à l’embauche -dans les ANPE certaines offres précisent qu'elles ne s'adressent pas aux roms- discriminations quant à l’accès aux soins ou à certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés les présentant régulièrement comme un peuple de délinquants, etc... L’extrême droite raciste, le Parti de la Grande Roumanie fait chorus avec une propagande anti-rom, antisémite et anti-magyar (anti-hongrois). La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans "Mort aux tsiganes !" ou "Les roms hors de Roumanie! "

Le 13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué un quartier romani de Sabolciu; le 8 mai 2002, environ 200 supporters de foot s'en prennent à un quartier rom de Bucarest en criant "les tsiganes hors de Roumanie", les agresseurs tabassant des habitants, cassant des carreaux et détruisant les portes pour entrer. La Desrrobireja des roms reste à conquérir. Cela explique -à nouveau- leur exode vers la France, le pays des droits de l'homme dont Sarko est un  fleuron (!)

Notes. Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861 (l'indépendance) après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, la Moldavie, de Iasi. Le pays qui aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.

"Rom" ["homme" en romani] et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes -parfois-. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme d’esclave, nous n’employons le mot français "tsigane" que pour traduire des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.
Gadjé: pluriel de "gadjo", désigne pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des "peuples du voyage", ainsi qu'on les nomme parfois, improprement car les roms sont pour la plupart sédentaires même s'ils prennent souvent la route malgré eux. Cause ou conséquence, ils sont souvent à la marge, habitant des HLM -ou dans des camps qu'on leur concède, la plupart du temps mal entretenus et situés à l'écart des villes près des décharges- mais gardent une caravane prête au cas où... et partent parfois durant d'assez longues périodes rejoindre des parents/amis en camp...
Un roman de Mattéo Maximoff "Le prix de la liberté" traite justement d’une révolte romani au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda).

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