ET AU BOUT DU PERIPLE, LE PRESQUE-PRESENT: LES CAMPS DE LA MORT
Les camps de la mort, dossiers "France 2"
En Roumanie, la dictature d’Antonescu et la déportation en Transnistrie ("pays au delà du Dniestr" qui sépare la Moldavie de l'Ukraine) et en Bessarabie (au sud)... considérées comme zones de "dépotoirs ethniques" (où il envoya également les juifs.)
Des zones concentrationaires à ciel ouvert |
La déportation des roms : la Transnistrie
Le long du Dniestr la Transnistrie -en rouge-, état non reconnu (qui fait à présent partie de la Moldavie) enclave -utilisée ensuite par l'URSS pour s'assurer un fer de lance pénétrant les Balkans- séparant l'Ukraine (l'Europe de l'Est -ex union Soviétique-) de l'Europe Centrale. (Plus au sud, la Bessarabie -rien à voir avec "arabe"- sur la mer noire). Climat continental. C'est là que les roms furent abandonnés et moururent de faim et de froid. Certains toutefois furent recueillis dans des villages.
C’est
ainsi que les Roms traversent l’histoire de la Roumanie, son
indépendance, reconnue par le congrès de Berlin en 1878, sa
participation à la première guerre mondiale aux côtés des alliés, puis
le rattachement de la Bucovine et de la Transylvanie (prises à la
Hongrie) ainsi que de la Bessarabie (prise à la Russie).
Face
à la crise mondiale de 1929 et aux grèves ouvrières qui ripostent à la
misère, le parti de la "Garde de Fer ", groupe fasciste créé dans les
années 20 par Horia Sima (et où on trouve notamment Ionesco, Mircea
Eliane ou Cioran) est soutenu par une fraction croissante de la
bourgeoisie. Pogroms fréquents en Moldavie et en Bessarabie à l’encontre
des juifs et des roms; par le biais de l’influence du nazisme et des
thèses de Ritter, le racisme anti-rom se construit un corpus idéologique
"scientifique". Il ne s’agit plus seulement de décrire les Roms comme
"voleurs" et "débauchées", mais aussi, comme Ion Facaoaru, le principal
théoricien roumain du racisme anti-rom, de lutter contre "le péril tsigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain". Dès
1938, un Commissariat Général aux Minorités est créé, chargé
particulièrement, de la "question tsigane". Les universités, et en
particulier celle de Cluj, se tournent vers l’étude de l’anthropologie
eugéniste (idéologie du "sang pur" de la "race roumaine" menacée..)
En
40, le roi Carol II abdique et son fils Michel appelle au pouvoir le
fasciste Antonescu soutenu par la Garde de Fer qui se proclame Conductator;
l’URSS, en raison du pacte germano-soviétique occupe la Bessarabie et
la Bucovine.La Hongrie du fasciste Horty annexe le nord de la
Transylvanie; la Roumanie devient un état "national-légionnaire" allié
de Hitler. La situation est dramatique. En 40, il est interdit aux Roms
"nomades" de "rôder l’hiver".
Des "camps d'extermination" à l'antique, spécificité roumaine !
La Transnistrie et la Bessarabie, la faim, le froid, la mort |
En 1941,stérilisation des femmes. En mai 1942, recensement général de la population rom, 208.700 Roms sont fichés. 1er juin, la déportation des "nomades et semi-nomades" en Transnistrie nouvellement acquise par la Roumanie. 11 août, 84% des Roms "nomades et semi-nomades" ont traversé le Dniestr. Les ordres précisent de n’informer en rien les déportés sur leur destination. Une fois en Bessarabie, ils doivent changer leur argent en reichsmarks et sont ensuite assignés à une localité. Un maire de village publie en 1945 ses souvenirs sur cette période : "Fin août 1942 commencèrent à arriver à Trihai, sur le fleuve Bug, des Roms. Ils furent répartis dans les fermes environnantes -ou, pire, jetés dans la nature sans abri possible, nourriture ni vêtements chauds- en une semaine, ils furent quinze milles Roms à arriver dans un état incroyable de misère. Il y avait beaucoup de vieillards...
Certains étaient nus".
Cela empire encore : à partir du 12 septembre 1942, c'est la déportation des Roms sédentaires, en train, y compris les enfants non accompagnés, autorisés à ne prendre qu’un seul bagage à main, tout le reste (terrains, maisons, animaux, etc.) étant confisqué. La rafle dure huit jours. Les seuls Roms qui évitent la déportation sont ceux des familles de soldats, mesure prise à la suite de mutineries de soldats roms sur le front lorsqu’ils apprenaient le sort de leur famille. Voir à ce sujet des témoignages bouleversants sur les roms engagés dans l'armée roumaine contre les alliés qui voyaient les leurs abandonnés dans des campagnes isolées (avant qu'une "meilleure" organisation ne les fît conduire dans des camions-chambre-à-gaz).. où ils mourraient de froid et de faim. Notons à ce sujet que, comme les kurdes, les roms étant de nationalités différentes, lors des conflits, ils se trouvèrent parfois engagés -de force- des deux côtés de la barrière et furent ensuite les premières victimes de la répression lors de la victoire d'un camp sur l'autre. De plus, leurs qualités d'endurance militaires en faisaient des recrues fort appréciées -il y a peu, en France, on les envoyait systématiquement dans les "bat d'af", régiments d'élite-. Cela explique parfois leur relative "désunion" -comme celle des kurdes-. Plus "français" -ou "italiens", "espagnols", "hongrois" etc... - que roms, en somme. En 40, ce fut dramatique; mais certains parvinrent à déserter et dans la résistance combattirent avec un héroïsme qui laissa trace -un peu-. (Encyclopédie de la Shoah, lien.)
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Le triangle marron, qui s'en souvient ? Voici une vidéo poignante (musique magnifique) et l'article de Cyril Lazaro - Olivier Besancenot
Poème des camps de la mort (source : liens utiles, Romane et Romane.blog )
Mémoire trouée, un exemple cruel
Les camps d’internement de Lety en Bohême et Hodonín en Moravie sont les symboles
de l’extermination des Roms de Bohême-Moravie. Or, qu'y a-t-il à leur
place à présent ? Un monument ? Une stèle ? Pas du tout : à Lety se
trouve aujourd’hui encore, à proximité, une porcherie ! et Hodonín était
jusqu’à l’an dernier... un camp de vacances ! C'est l'absence de
reconnaissance du génocide -au point que des roms ont été expulsés de Drancy où ils venaient se recueillir pour commémorer le samudaripen-
qui a permis qu'ils soient ainsi traités par la suite, exemple les
expulsions de Sarko. Rien ne s'est passé, en somme.. Cité par Maryvonne Leray, cyber résistante
En France le Struthof (lien H Larrivé "en vrac") est plus connu, mais qui sait qu'il était aussi un camp d'extermination d'un genre spécial ?
Le génocide arménien lui aussi passé aux oubliettes, à présent reconnu -mais pas par la Turquie- comme celui des kurdes, non reconnu, conduisit souvent, comme celui des roms, à l'acculturation des survivants -à la différence de la Shoah.
En France le Struthof (lien H Larrivé "en vrac") est plus connu, mais qui sait qu'il était aussi un camp d'extermination d'un genre spécial ?
Le génocide arménien lui aussi passé aux oubliettes, à présent reconnu -mais pas par la Turquie- comme celui des kurdes, non reconnu, conduisit souvent, comme celui des roms, à l'acculturation des survivants -à la différence de la Shoah.
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La mort en Transnistrie, juifs et roms ensemble |
En
Transnistrie, les conditions de vie sont dramatiques : famine, froid,
et typhus, sans compter ceux qui sont abattus parce qu’ils tentent de
s’évader. Certains, y compris l’hiver, étaient nus. La famine est telle
que certains mangent des chevaux, alors que pour eux le cheval est
tabou. Entre 1941 et 1943, 300 000 juifs furent également déportés en
Transnistrie. Mais dès fin 1943, Antonescu comprenant que l’Allemagne ne
gagnera pas la guerre, les déportations cessent, le roi Michel dissout
le gouvernement Antonescu le 23 août 1944, puis déclare la guerre à
l’Allemagne. De 1941 à 1943, on estime à 36.000 le nombre de Roms morts en déportation en Transnistrie.
En Allemagne
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