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Faysal Riad, linguiste, de "dazibaoued", LE site à ne pas rater.
"Les roms, et les autres exclus"
Selon le
Robert, les Tsiganes sont des populations originaires de l’Inde,
apparues en Europe au XVIe siècle, qui mènent une vie nomade en exerçant
divers petits métiers...
C’est
ce qu’on croit des Bohémiens, Gitans, Zingaros, Manouches, Romanichels
et autres Roms. Issus d’une migration partie d’un point unique, l’Inde,
et vivant en marge de toutes les sociétés, la vision est fondée sur un
schéma évolutionniste crée de toutes pièces par des historiens européens
au XIXe siècle.
De bons musiciens
Très souvent méprisés, exécrés, ils n’intéressent personne. Le succès de ces clichés permet de ne pas voir la violence avec laquelle sont traités habituellement les nomades marginaux: s’ils sont pauvres, qu’ils vivent dans des conditions intolérables, c’est que cela fait partie de leur culture...
En réalité, les nomades d’Espagne, de France ou de Bohême ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même culture et ne sont pas tous originaires d’Inde. Cf Nicole Martinez ''Que sais-je ?'' sur les Tsiganes. L’orientalisme, part souvent d’idées préconçues, fausses ou a demi vraies qui ont toutes réduisent les responsabilités des sociétés excluantes.
Comme c’est le cas lorsqu’on veut inférioriser un groupe sans pour autant paraître raciste, certains clichés se veulent positifs : comme les noirs souvent considérés comme moins intelligents mais par ailleurs de bons chanteurs, de bons danseurs et de bons coureurs, nos Tsiganes, ''voleurs de poules'' feignants, sont de grands musiciens et leurs femmes de grandes danseuses... Si le talent musical de Mozart ou de Debussy s’explique par leur génie propre, celui de Django Reinhardt ou de Sayyed Youssouf ne peut s’expliquer que par la vélocité propre à son peuple...
Dans le monde entier, ont toujours vécu en marge des sociétés des ''populations flottantes''. Peut-être d’origine indienne... Des guerres oubliées, des massacres dont personne ne se soucie, ou des tragédies dont les historiens ont peu parlé, ont poussé de nombreux groupes très différents à migrer pour survivre. Exemple : la destruction de ville de Belluno en 1873, dont les quelques survivants qui n’étaient pas d’origine indienne, ont migré un peu partout. Il y a des groupes qui passent pour des Tsiganes un peu partout dans le monde: Tatares scandinaves, Tinkers irlandais, Sankas japonais ou Pochas arméniens. Toujours méprisés, ils ont rencontré de grandes difficultés pour se sédentariser. Il serait néanmoins naïf de croire que les roms du Bourget ou de la Courneuve sont les descendants des Égyptiens présents dans l’oeuvre de Molière, car nombre d’entre eux ont fini par acquérir une nationalité et se sont finalement installés dans les sociétés qui les avaient exclus, profitant de périodes d’ouverture relative (ce n’est à l’évidence pas le cas de notre époque, qui a plutôt tendance à les rejeter violemment) note de moi : parfois, rarement, à un haut niveau et souvent dans des professions artistiques (Zavatta, Bouglione -qui disait de lui qu'il était "analphabète, gitan et milliardaire, dans l'ordre de l'importance"-, Cziffra, Carmen Amaya, Manitas de Plata, Django Reinhardt etc...)
Rêves et cauchemars européens
Notre imaginaire collectif, s’exprimant à travers la littérature ou la peinture, a depuis très longtemps considéré contre toute logique que tous ces peuples avaient une seule et unique origine, forgeant ainsi une identité fictive très mystérieuse, tour à tour objet de haine, de peur, de curiosité, de mépris, ou le cas échéant, objet d’amour ou de compassion.
Baudelaire a largement contribué à la mythification des bohémiens aux prunelles ardentes; de même que Victor Hugo et sa Cour des miracles... A cet égard, l’évolution du sens du mot bohémien est très révélatrice de l’exploitation romantique de ces nomades exclus de toutes parts. En réalité, cette littérature tsiganophile dressant le portrait-robot d’un nomade immuable et éternel nous en apprend plus sur les pulsions et les peurs de nos sociétés que sur les véritables Tsiganes ou sur nos capacités à exclure des groupes divers et variés.
Traits communs
Les comportements similaires observés par les tsiganologues, qui seraient autant de preuves de l’origine commune de tous les peuples flottant à travers l’Europe, ne sont que des traits communs à toutes les populations défavorisées. Ces comportements s’observent notamment au Mexique, dans les cités dites de transit françaises, dans les ghettos noirs américains, ou chez exclus paupérisés des pays de l’Est. Des traits communs sociologiques ne suffisent pas à créer un peuple, et la culture ne peut se réduire au mode de vie: tous les nomades n’ont pas la même origine et l’isolat social ne l’implique pas. Tous ceux que nous appelons Tsiganes ne parlent pas la même langue et leurs musiques par exemple sont très différentes.
Il n’est dès lors pas étonnant de voir des peuples divers, n’ayant souvent aucun lien entre eux, adopter des modes de vie comparables lorsque leurs situations sont comparables exclus, vivant en groupe et vivant dans des espaces périphériques, s’habillant de bric et de broc. Mais essayez de vivre en famille dans la banlieue d’une grande ville européenne avec trois fois rien, vous verrez comment vous seront facilement attribuées d’évidentes origines indiennes..." Faysal Riad, voir blog cité précédemment.
Kodiac (lien avec Rue 89)
"Les Rroms ne
sont pas et probablement n'ont jamais vraiment constitué ni une nation ni même
un faisceau de nations. Il n’y a des familles, des clans, des relais de
regroupement, géographiques, temporels, (spatiaux-temporel) mais de notion
de peuple au sens habituel non. Et bien sûr que ce sont eux aussi comme tous de
fieffés humains, des roublards, jaloux les uns des autres, violents avec les
femmes plus souvent qu'à leur tour mais pas toujours, sujets aux préjugés etc… Pour
ce qui est de leurs pratiques religieuses et/ou cultuelles, je ne les connais
pas bien et ne saurais trop qu'en dire. Mon père en savait certainement plus,
lui que ses amis essayaient vainement de retenir par ses pans de chemise
d'aller passer des nuits avec eux. En tous les cas, cette histoire d'ouverture
brusque des frontières internes de Schengen, ils la subissent tout autant
qu'elle remet en branle de très vieux réflexes, ataviques, de bougeottes. Beaucoup
y ont perdu le peu de stabilité que le gel de la période communiste avait pu
leur octroyer. Ils auraient bien aimé sûrement pouvoir rester où ils s'étaient
fait des vies. Ces gens au sein de leurs familles et groupes ont depuis beau
temps appris, durement, que les deals que les Gadjés passaient avec eux – comme
ceux passés avec les amérindiens en d'autres lieux - ne duraient jamais aussi
longtemps que l'herbe poussera sur la plaine. Après on les traite d'instables. Lorsqu'ils
ont réussi à s'implanter dans certains coins (à une époque la moitié de la
ville de Most était aux tziganes et ils la tenaient fermement à grands coups de
pognon, pas toujours illégal du reste). Mais je t'en fiche, l'eau s'infiltre :
"Du pognon tzigane gagné à la loyale contre nous ? Cela n'existe pas
!" monte la rumeur qui enfle avec les habituelles accusations dégoûtantes.
Quelle amertume ne devrait-on pas lire sur leurs figures, mais non : infinie
fatigue plutôt. L'ingratitude et les manques de parole du Gadjo-en-tant-que-tel
sont intégrés depuis bien plus de mille ans. C'est trop longtemps, le temps qui
pèse est lourd, gris, fade, sans fin, une non-vie. L'homme ou la femme
rebondit, et ils continuent à fréquenter les non-Rroms qui lui plaisent et
l'attirent, qu'ils attirent. Les Rroms, les Gitans, les Tziganes et les
manouches ? ça n'existe peut-être pas. Il veut vivre et elle a de la ressource
aussi ! Ensemble ou pas ensemble : on verra (lien avec l'article "Est rom celui qui dit être rom). "
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"La France est le pays des droits de l'homme... et sais-tu, on a une réput d'enfer à laquelle je dois peut-être la vie... un jour qu'à Beyrouth où on venait d'arriver, on a été arrêtés à un check point; un soldat de la la "force arabe" [des casques bleus] m'a demandé de "sortir mes papiers", j'ai mis la main à mon sac... et tout de suite, un bruit bizarre "klllkkk", je lève la tête : la kalach armée est braquée à quelques centimètres de ma tempe, le cri en arabe mon mari "elle est française", et au mot française, j'ai aussitôt vu s'abaisser le canon, un disjoncteur! C'était un brave type qui m'a dit ensuite pour écraser le coup : "excuse-moi, je pouvais pas savoir, au Hamas aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi..." Faire sauter la tête d'une française, le pays de Schoelcher et des droits de l'homme, tout confus il était... On a bavardé ensuite quelques secondes en copains: "c'est pas grave, je comprends, allez, j'ai même pas eu peur..." On s'est marrés : de retour à Ndiago, il se serait fait tirer les oreilles bien comme il faut par sa maman qui ne plaisantait pas avec l'abolition de l'esclavage... Or pour elle, c'était la France, à jamais respectable.. De cela il faut se montrer dignes... et faire savoir partout très fort qu'on se défausse de Sarko. [Au fait, est-il vraiment tout à fait français, celui-là ? Faut voir : il serait mal fringué et dans un camp de roms qu'il ne ferait pas un pli, ouste, dehors.] Hélène."
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Les Droits de l'homme. Ma réponse à Marc au sujet des roms
"La France est le pays des droits de l'homme... et sais-tu, on a une réput d'enfer à laquelle je dois peut-être la vie... un jour qu'à Beyrouth où on venait d'arriver, on a été arrêtés à un check point; un soldat de la la "force arabe" [des casques bleus] m'a demandé de "sortir mes papiers", j'ai mis la main à mon sac... et tout de suite, un bruit bizarre "klllkkk", je lève la tête : la kalach armée est braquée à quelques centimètres de ma tempe, le cri en arabe mon mari "elle est française", et au mot française, j'ai aussitôt vu s'abaisser le canon, un disjoncteur! C'était un brave type qui m'a dit ensuite pour écraser le coup : "excuse-moi, je pouvais pas savoir, au Hamas aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi..." Faire sauter la tête d'une française, le pays de Schoelcher et des droits de l'homme, tout confus il était... On a bavardé ensuite quelques secondes en copains: "c'est pas grave, je comprends, allez, j'ai même pas eu peur..." On s'est marrés : de retour à Ndiago, il se serait fait tirer les oreilles bien comme il faut par sa maman qui ne plaisantait pas avec l'abolition de l'esclavage... Or pour elle, c'était la France, à jamais respectable.. De cela il faut se montrer dignes... et faire savoir partout très fort qu'on se défausse de Sarko. [Au fait, est-il vraiment tout à fait français, celui-là ? Faut voir : il serait mal fringué et dans un camp de roms qu'il ne ferait pas un pli, ouste, dehors.] Hélène."
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