Et rien n'a changé pourtant, à en juger par ce que l'on entend et voit actuellement..

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mardi 15 juin 2010

(2) Les roms, un peuple ou non ? suite. Est rrom celui qui dit être rrom



 "Est rom celui qui dit être rom"

Peuple totalement syncrétique et prosélyte, les roms se définissent ainsi, est rom celui qui dit l'être, cas exceptionnel -mais la réciproque n'est pas vraie, comme le montre le drame de Bronislava (lien)-. Autre lien, Baptiste Cogitore (lien).
Il est étonnant que peu de romanciers se soient inspirés de ces histoires qui nous sont offertes par la vie sans qu'on n'ait à y toucher. Cela vaut pour les kurdes, les indiens et en général tous les peuples opprimés-génocidés : l'histoire, les sagas, la littérature et même la poésie sont faites par les vainqueurs ou par l'idéologie dominante. Du côté des noirs, il n'y pas d'équivalent à "Autant en emporte le vent", écrit par une esclavagiste à la gloire du Sud vaincu et du Kluk Kluk Klan : ce roman où ils sont représentés comme des débiles mentaux et les tortionnaires du KKK comme d'héroïques gentlemen est toujours vendu avec un succès inégalé sans la moindre censure. Un romancier rrom cependant pallie actuellement cette lacune dans la littérature pour les siens, c'est Roberto Lorier qui a commencé une série historique avec "Pâni et le peuple sans frontières". 

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Analyse de  Kodiac  (lien)


"Rroms est une appellation artificielle. Certains groupes ne se considèrent plus comme liés aux autres et ont développé des identités culturelles propres, les gitans notamment dont une infime fraction a provigné ensuite en Amérique du sud. D’autres provenances sont mystérieuses, les yéniches par exemple. D'un autre côté, certains groupes fuyant la misère ou le rejet sont devenus nomades -mode de vie qui était imposé aux roms pour les mêmes raisons- sans être issus du même fond génétique, exemple les travellers irlandais après la grande famine de la pomme de terre. 

Un de leurs points communs est qu’ils se déplaçaient en chariot -pas forcément loin-, et dit-on sans bruit.. et parfois de nuit, ce qui faisait peur aux paysans*.. et qu’ils étaient reconnus experts en chevaux, en artisanats d’art. Les tentatives récentes de créer un organe représentatif qui mette tout le monde d’accord et d’abord eux sont un exercice difficile.


* Note de moi : on a ici un douloureux paradoxe. Bien qu'ils soient chassés partout, leur errance pose "problème".. MAIS leur sédentarité aussi puisque dans certains pays comme la Tchécoslovaquie, on a abattu tous leurs chevaux pour les forcer à.. A quoi? A se sédentariser? Non puisque leur installation aussi pose "problème" ! c'est donc leur existence même qui pose problème, on a là la définition d'un génocide, réel (les nazis) ou fantasmé... mais le fantasme est la racine de l'acte accompli. 

*Leur permettant peut-être de se fondre dans la nature et d’échapper éventuellement aux pogroms.
 

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 Les Rroms ne sont pas et probablement n'ont jamais vraiment constitué ni une nation ni même un faisceau de nations. Il n’y a des familles, des clans, des relais de regroupement, géographiques, temporels, (spatiaux-temporels?) mais de notion de peuple au sens habituel non. Et bien sûr que ce sont eux aussi comme tous de fieffés humains, des roublards, jaloux les uns des autres, violents avec les femmes plus souvent qu'à leur tour mais pas toujours, sujets aux préjugés etc… Pour ce qui est de leurs pratiques religieuses et/ou cultuelles, je saurais trop qu'en dire. Mon père en savait certainement plus, lui que ses amis essayaient vainement de retenir par ses pans de chemise d'aller passer des nuits avec eux. En tous les cas, cette histoire d'ouverture brusque des frontières internes de Schengen, ils la subissent tout autant qu'elle remet en branle de très vieux réflexes, ataviques, de bougeottes. Beaucoup y ont perdu le peu de stabilité que le gel de la période communiste avait pu leur octroyer. Ils auraient bien aimé sûrement pouvoir rester où ils s'étaient fait des vies. Ces gens au sein de leurs familles et groupes ont depuis beau temps appris, durement, que les deals que les Gadjés passaient avec eux – comme ceux passés avec les amérindiens en d'autres lieux - ne duraient jamais aussi longtemps que l'herbe poussera sur la plaine. Après on les traite d'instables. Lorsqu'ils ont réussi à s'implanter dans certains coins (à une époque la moitié de la ville de Most était aux tziganes et ils la tenaient fermement à grands coups de pognon, pas toujours illégal du reste). Mais je t'en fiche, l'eau s'infiltre : "Du pognon tzigane gagné à la loyale contre nous ? Cela n'existe pas !" monte la rumeur qui enfle avec les habituelles accusations dégoûtantes. Quelle amertume ne devrait-on pas lire sur leurs figures, mais non : infinie fatigue plutôt. L'ingratitude et les manques de parole du Gadjo-en-tant-que-tel sont intégrés depuis bien plus de mille ans. C'est trop longtemps, le temps qui pèse est lourd, gris, fade, sans fin, une non-vie. L'homme ou la femme rebondit, et ils continuent à fréquenter les non-Rroms qui lui plaisent et l'attirent, qu'ils attirent. Les Rroms, les Gitans, les Tziganes et les manouches ? ça n'existe peut-être pas. Il veut vivre et elle a de la ressource aussi ! Ensemble ou pas ensemble : on verra (lien avec un point de vue commun de Faysal Riad).

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