Note préalable : cet article et ceux qui suivent, 15 ! (lien) sont un découpage du précédent très long (lien) donc impossible à travailler.
LES ROMS, ORIGINE, suite de l'historique
Note : la romanologie étant une science très récente, les dates d'événements varient parfois de 6 siècles et les chiffres, de plusieurs millions. Ainsi leur départ de l'Inde est-il parfois situé par des linguistes au 3ème
siècle, les estimations du nombre de romanophones vont de quelques
milliers à 8 millions, et celles de roms, de 13 à 113 millions -avec les
100 millions de l'Inde dont certains nient l'existence-. Voir le blog
"linguistique" http://ricetrac2.blogspot.com
Les roms sont à l'origine deux tribus qui partent du nord de l'Inde : d'abord, au 9e siècle ou plus tôt; ce sont les kshatryas* -peut-être à l'origine du mot "tsiganes"- venus
du Sind d'où le terme "sinti" par lequel on désignera ensuite les
"roms" d'Allemagne aussi dénommés "manouches" en France [exterminés aux
2/3 ou aux 3/4 selon les sources*].. puis, au 13e, les Rajputs venus du Penjab et du Rajasthan -les roms-. A
présent, l'ethnonyme "rrom" qu'il faut écrire rrom est officiellement
reconnu par le Conseil mondial rrom et les Nations unies mais
certains le refusent -réducteur- et se disent toujours sintis,
manouches, tsiganes ou, dans le midi de la France et en Espagne, gitans.
Qui étaient-ils ? Peut-être des "dalits" voués à des tâches taboues, équarrisseurs, éboueurs, fossoyeurs ou, selon la tradition orale, saltimbanques -des
musiciens doués envoyés en ambassade à la cour de Perse- ? les
comédiens -ou les militaires mercenaires- si adulés fussent-ils, étant
néanmoins frappés d'anathème pour "activité contraire aux bonnes mœurs"
et "intouchabilisés" (à l'instar d'Adrienne Lecouvreur morte en pleine
gloire, comme Mozart, jetée en fosse commune de nuit.)
Exode des rroms ou doms, lôms, djâts, ou hanabadoches, termes synonymes
... ou au contraire de
haut rang, car kshatrya, fautivement traduit "paria" par les grecs,
signifie "qui a le pouvoir temporel" -les guerriers-... ce qui a donné
"intouchable", mot à double sens... des nobles donc, victimes des guerres d'expansion de l'islam du 8e au 10e
siècle. Ecoutons Régis Blanchet, "Les roms, un peuple mémoire" : ''la
sévérité des traitements infligés par les musulmans aux indiens dont les
roms va marquer d'une manière indélébile leur inconscient collectif."
Le terme Gadjo proviendrait de Mahmud Ghazni, le "Claus
Barbie d'Allah de l'an 1000", devenu synonyme de ''guerrier musulman''
puis, pour les roms, de barbare, impur, englobant tous les "non roms."
-Une autre étymologie possible de gadjo serait "maison" en sanscrit.-
[Il est possible que ces ksatryas qui furent massacrés, jetés sur les
routes ou razziés comme esclaves aient déjà été issus de groupes ethniques différents
venus d'ailleurs -les sources diffèrent, peut-être des plateaux d'Aria
en Iran- et qu'ils aient ensuite été "sacrifiés" par les indiens, ce
qui les rapprocherait alors du peuple juif lui aussi abandonné à Hitler
en 40. Un élément que nous allons voir corroborerait cette supposition
connexe.]
Ils feraient donc en ce cas parti de la caste la plus haute après les brahmanes... avec lesquels ils avaient le droit de se marier,
les enfants mâles étant alors destinés à devenir... conducteurs de
chars d'un chef militaire et compositeurs-conteurs- d"hymnes à sa
gloire... Que les hautes castes aient été razziées en priorité est
probable, surtout s'il s'agissait de guerriers, la préférence des
envahisseurs allant toujours à l'élite plus rentable à exploiter ou à
monnayer. La légende dit que rom, qui signifie "homme" -ou romantique!-
en sanskrit proviendrait de Rama, le héros de l'épopée indienne, d'où le nom par lequel ils se désignent, Romani Chav,
fils de Rama, préféré à "romani cel", groupe d'hommes. Mais il est
probable que les migrations, issues de causes différentes voire
opposées, ont touché plusieurs castes...
* Voir à "références" en fin de blog : Michel Collon hypothèse 3/4 ; Roberto Lorier dont une grande partie de la famille a péri dans les camps de la mort, 2/3 ; Claire Auzias, 500 000 et d'autres sources, 1 million ! en fait, il est difficile d'établir un chiffre précis des sintis morts du fait des nazis étant donné le peu de recherches effectuées à ce sujet -et l'absence de recensement avant le samudaripen- un exemple significatif de l'occultation quasi totale de leur génocide par l'Histoire.
Une explication conciliatrice peut-être : le Rajasthan, l'Israël des roms
Au Rajasthan [pays des rajas] on trouve des nomades sillonnant le désert ou campant à la lisière des villes, des "lohars" -forgerons et charrons- et aussi des intouchables, musiciens, danseurs et poètes, rejetés et redoutés à la fois, les Kalbelyias et les Sapéras... dont on a trace dès 420 av. J-C ! les ancêtres des roms qui seraient demeurés dans leur pays? Comme leurs frères européens, ils sont racisés par les indiens qui les disent voleurs, arnaqueurs, comédiens, venus d'ailleurs etc..
Vivant à la belle étoile dans des campements encore plus sommaires que
ceux d'Europe, ils entassant leur maigre avoir dans des roulottes
décorées identiques à celles qu'on a pu voir autrefois sur les routes
d'Europe. Les femmes portent d'amples jupes à volants colorées et
pléthore de bijoux en or -les hommes aussi-... et comme les roms que
l'on peut voir à Palavas au bord de la mer, elles dansent* accompagnées
d'une clarinette, d'un tambour à deux faces et d'une vièle, et disent la
bonne aventure. Les sapéras, eux, charment les serpents. Les ancêtres
des roms -s'ils le sont, ce qu'ils affirment- auraient donc déjà dans
leur pays été des "étrangers" mis au ban? Cela confirmerait-il
l'hypothèse des roms intouchables fuyant la cruauté de la société
indienne? pas forcément.
Car
il se trouve que les kshatrias -guerriers souvent sur les routes-
étaient dans leurs périples servis par une "cour" formée de forgerons -pour entretenir leurs armes- de charrons -pour s'occuper de leurs chevaux-, de cordonniers, vanniers, ainsi que des musiciens, danseurs, poètes
-pour les distraire- intouchables peut-être ou issus de castes
méprisées -et craintes- auxquelles ils assuraient un sort
convenable**... Et en cas de conflit grave, il engageaient également des
mercenaires de n'importe quelle caste, leur promettant butin et
ascension sociale. Les tribus se sont donc côtoyées historiquement
pendant des siècles et il probable qu'après Peshawar -le premier
Waterloo des indiens en 1001 qui fit 15 000 morts- c'est ensemble
qu'elles ont fui ou furent razziées... ou, si tous les guerriers
avaient péri, que les survivants, toutes castes confondues, soient
partis sur les routes... loin, très loin de l'Inde. Forgerons,
cordonniers, vanniers, danseurs, musiciens, poètes, soigneurs de
chevaux, ce sont très précisément les professions des roms que nous
connaissons.***
Racisés dans "leur" propre pays, les roms viendraient-ils déja d'ailleurs? Des huns**** "blancs", comme tous les rajasthanis, métissés avec les dravidiens et/ou les adivasis (lien, photos de Claudette Thomas), les premiers indiens, noirs, intouchables -dalit- génocidés (lien) par la déforestation et les pogroms [61 millions qui, pauvres parmi les pauvres, n'intéressent personne (lien).]
C'est probable. Ou des scythes
(lien) ? -"tziganes" proviendrait-il de scythe?- Leur habileté à
travailler les métaux et l'or, les bijoux qu'ils portent, leur refus des
prêtres et leur pratique de la magie... (?) Des cachemiris? Des
dardes? Comme eux ils se disent aryens et quelques éléments
linguistiques pourraient l'indiquer. Mais la seule certitude que nous
avons est leur migration à partir du nord de l'Inde, qu'elle qu'ait été
leur origine, sans doute multiple, auparavant.
*Désormais
ces danses s’exportent à l’étranger grâce à Gulabi Sapera qui a bravé
les interdits sociaux -Gitans Doad of Rajasthan-.
** Ce rôle, ils le remplirent ensuite envers les armées des Balkans au 15 ème, en lutte contre les turcs, voir plus loin, "la Hongrie, un cas particulier".
*** Une étude linguistique -peu convaincante à mon sens sur ce point mais remarquable sur d'autres- infirme cette théorie, voir sur le blog linguistique (lien) l'article de Marcel Courtiade in extenso, qui d'ailleurs mentionne d'autres tribus nomades du Rajahsthan mais ne parle ni des kalbelyias ni des sapéras, et à l'opposé, celui de Jacques Leclerc qui, lui, estime à 100 millions le nombre de roms en Inde.
**** Contrairement à ce que l'on croit, tous les huns n'étaient pas asiates.
** Ce rôle, ils le remplirent ensuite envers les armées des Balkans au 15 ème, en lutte contre les turcs, voir plus loin, "la Hongrie, un cas particulier".
*** Une étude linguistique -peu convaincante à mon sens sur ce point mais remarquable sur d'autres- infirme cette théorie, voir sur le blog linguistique (lien) l'article de Marcel Courtiade in extenso, qui d'ailleurs mentionne d'autres tribus nomades du Rajahsthan mais ne parle ni des kalbelyias ni des sapéras, et à l'opposé, celui de Jacques Leclerc qui, lui, estime à 100 millions le nombre de roms en Inde.
**** Contrairement à ce que l'on croit, tous les huns n'étaient pas asiates.
Note : ces rroms indiens étaient encore plus mal traités que les dalit (les intouchables) !! y compris par ceux-ci !! (lien très important). Leur sort était le pire (d'où peut-être leur fuite du pays et ensuite de tous): nomades par la force des choses (!) ils étaient classés (par les anglais) comme "tribus criminelles" a priori et génétiquement (!) dont les membres devaient pointer aux postes de polices.. chassés partout (lien).
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