Et rien n'a changé pourtant, à en juger par ce que l'on entend et voit actuellement..

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vendredi 18 juin 2010

Le voyage à travers la langue (2)

Le voyage à travers la langue

Note. Le sanskrit est la langue originelle de l'Inde antique qui fut remaniée par des brahmanes pour en faire une langue "parfaite", cas unique, et tel que, ne fut jamais parlé par tous. L'hindi, parlé majoritairement, est du sanskrit non modifié, ou plutôt modifié d'une autre manière -c'est en fait la même langue-. L'urdou, très proche, est sa version pakistanaise. Ici, à la différence du français et du latin, c'est la langue savante qui a "évolué" artificiellement. De fait, l'hindi est beaucoup plus proche du sanskrit que le français du latin, devenu langue morte... tandis que sanskrit "savant" est encore -rarement- parlé par des brahmanes. L'hindi est donc un sanskrit à la fois originel et vernaculaire, c'est pourquoi le terme "sanskrit/hindi". Voir cependant l'analyse différente de Jacques Leclerc sur le blog linguistique.

Le romani, avec ses 900 racines sanskrites, ses nombreuses terminaisons communes et sa syntaxe identique ou presque, est donc ou provient directement du sanskrit/hindi, avec des ajouts selon les pays où ils demeurèrent plus ou moins longtemps*. Or, la langue suit les hommes et si nous perdons la mémoire des lieux après plusieurs générations, la langue, elle, en garde la trace en nous. Et ce sont ses modifications qui reflètent l'histoire d'un peuple ici dispersé dans le monde entier.
En Europe orientale, les Roms de la première migration (jusqu'au 16ème siècle), implantés surtout en Grèce et en milieu rural ont gardé l'usage du romani, avec des mots rajoutés. -Sauf en Hongrie où seuls les Olaths l'ont conservé, les autres étant hongrophones**-.
Progressant très tôt vers des régions de langue allemande, ils le germanisent, c'est le sinto, également parlé en Italie, dont une forme proche est appelée manouche en France.
Ils arrivent en Espagne où, interdit par l'Inquisition, il disparut mais une partie du vocabulaire survit dans le kalo des Gitans à base grammaticale espagnole.
Un phénomène similaire aboutit en Angleterre à la constitution du pogadi.
Du sous-groupe balkanique est né un langage romano-balkanique qui ne s'est guère étendu...
mais en Turquie ensuite, avec le turc -et le kurde, il a donné naissance aux récents kelderaś, ćuràri et lovàri qui correspond à la seconde migration (19ème siècle).
Langue de diaspora, le romani a perdu par endroits une partie de son lexique et introduit des termes étrangers par nécessité, si bien que parfois les roms ne se comprennent plus très bien. Mais, malgré les différences, les éléments conservés demeurant, avec la restauration du vocabulaire oublié, il a été possible de re-constituer ou de constituer une langue du rassemblement comme il a été fait pour l'hébreu moderne, à la fois "originelle" et "espéranto", la langue ancienne recréée qui permet donc à tout un peuple de retrouver sa culture c'est à dire d'abord de se comprendre. Une des plus vieilles du monde. Il y aurait 65 000 locuteurs actuellement.


* Note de moi : si le romani a perdu une partie de son vocabulaire, il en a sans doute fourni à certaines langues hôtes -le turc et surtout le kurde -le kurmandji- où on trouve des mots sanskrits (à moins qu'ils n'y aient été précédemment) exemple : "gel" veut dire "groupe" en kurmanji, (cel en sanskrit) ; mirov, homme (manush en sanskrit -man en anglais-) etc... Une interrogation : le terme "romanichel" que l'on traduit par groupe -cel- d'hommes -rom-... ne proviendrait-il pas de rom (parfois traduit par "artiste" ou "artisan") + manush (hommes en romani et en sanskrit) + cel, groupe ? ce qui donnerait alors "groupe d'hommes artistes" ? Car on voit mal pourquoi le mot "homme" semble écrit deux fois (rom+manish),  à moins de supposer que c'était pour relier deux tribus différentes, les roms -du "sud"-, et les manush -de l'Est-? Ce qui donnerait alors "groupe de manush et de roms", les gitans étant en ce cas "exclus" de l'ethnonyme. Serait-ce la cause de leur refus -parfois violent- du terme rom ou romanichel ?  
De même en turc, "génocide" se dit "soykirimi", (samudaripen en romani)... 

Une parenthèse rigolote : l'argot parisien ou des banlieues comprend beaucoup de mots d'origine romani  (chouraver ; lashav -honte-;  minj -vagin-; moulène)...  si bien que les petits truands qui croient s'exprimer à la coule en fait usent sans s'en douter d'un vocabulaire sanskrit, la langue savante entre toutes.

Référence : Marcel Courtiade, (second article)
 ** En Hongrie, où la population rom est entre 400 et 700 000 personnes, l'assimilation, parfois violente -des enfants étant enlevés à leur parents sous le règne de Marie-Thérèse, celle-ci refusant une nation dans une nation, le romani interdit etc..- a été la plus forte d'où le terme de "romungros", romhongrois. 



Un cas particulier, la Hongrie et les Balkans, 
l'amour et la haine


Répartition des roms en Europe. 
Une carte assez différente de celle du début du blog !  
Turquie-Roumanie, Bulgarie-Hongrie-ex Yougoslavie-Espagne 
seraient les pays où ils sont les plus nombreux.

40 à 70%  des roms européens vivent dans les Balkans, refoulés d'Europe de l'ouest après un bref séjour -leur périple ayant parfois pris l'allure d'un aller-retour [sauf dans le Midi de la France et en Espagne où des communautés s'implantèrent solidement] ou appelés du 15ème au 17ème siècle par les hongrois et les bulgares en guerre contre les turcs pour participer aux "compagnies" militaires comme forgerons, soigneurs de chevaux ... indispensables. Ils se sédentarisèrent de plus en plus mais après la victoire au 17ème, la politique violente de Marie-Thérèse qui bannit le mot tsigane, remplacé par celui de "nouvel hongrois", aboutirent à une quasi perte d'identité
De même Mustapha Kemal  imposa-t-il le terme de "turcs des montagnes" pour les kurdes qui après avoir défendu la Turquie en première ligne, furent ensuite "interdits de culture" et de langue sous prétexte d'unification du pays.
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Quelques mots sanskrits à
l'origine de mots latins et/ou français
-le sanskrit est une langue rigolote-

hrepan : apte à faire honte, cf répugnant.
adin : qui réjouit, distrait, amuse, cf baladin
rada : bruit, grondement, cf râle
hras : diminuer, s’amoindrir, cf raser
aksa : essieu de voiture, objet tournant, cf axe
akritya : le mal, cf crime.
Amsa : épaule, en latin umerus, cf humérus
mudarem : tuer, cf meutre
sutra : extrait, tiré de, jus, suc,
désigne aussi l'enfant d'un kshatrya et d'une brahamani ! destiné à devenir conducteur de char et "bateleur" d'un seigneur militaire dont il devra aussi écrire au fur et à mesure, en vers, la chronique des haut-faits et la diffuser -la déclamer- au passage pour les fans, à la fois agent publicitaire chargé de com, troubadour et chef de staff : Aragon ou Froissard et Philippe Noiret réunis.. en sanskrit, cela se dit en un seul mot de cinq lettres.
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