Le voyage à travers la langue
Note.
Le sanskrit est la langue originelle de l'Inde antique qui fut remaniée
par des brahmanes pour en faire une langue "parfaite", cas unique, et
tel que, ne fut jamais parlé par tous. L'hindi, parlé majoritairement, est du sanskrit non
modifié, ou plutôt modifié d'une autre manière -c'est en fait la même
langue-. L'urdou, très proche, est sa version pakistanaise. Ici, à la
différence du français et du latin, c'est la langue savante qui a "évolué" artificiellement. De fait, l'hindi est beaucoup plus proche du sanskrit que le français du latin, devenu langue morte...
tandis que sanskrit "savant" est encore -rarement- parlé par des
brahmanes. L'hindi est donc un sanskrit à la fois originel et
vernaculaire, c'est pourquoi le terme "sanskrit/hindi". Voir cependant
l'analyse différente de Jacques Leclerc sur le blog linguistique.
Le romani, avec ses 900 racines sanskrites, ses nombreuses terminaisons communes et sa syntaxe identique ou presque, est
donc ou provient directement du sanskrit/hindi, avec des ajouts selon
les pays où ils demeurèrent plus ou moins longtemps*. Or, la langue suit
les hommes et si nous perdons la mémoire des lieux après plusieurs
générations, la langue, elle, en garde la trace en nous. Et ce sont ses modifications qui reflètent l'histoire d'un peuple ici dispersé dans le monde entier.
— En Europe orientale, les Roms de la première migration (jusqu'au 16ème siècle), implantés surtout en Grèce et en milieu rural ont gardé l'usage du romani, avec des mots rajoutés. -Sauf en Hongrie où seuls les Olaths l'ont conservé, les autres étant hongrophones**-.
— Progressant très tôt vers des régions de langue allemande, ils le germanisent, c'est le sinto, également parlé en Italie, dont une forme proche est appelée manouche en France.
— Ils arrivent en Espagne où, interdit par l'Inquisition, il disparut mais une partie du vocabulaire survit dans le kalo des Gitans à base grammaticale espagnole.
— Un phénomène similaire aboutit en Angleterre à la constitution du pogadi.
— Du sous-groupe balkanique est né un langage romano-balkanique qui ne s'est guère étendu...
— mais en Turquie ensuite, avec le turc -et le kurde, il a donné naissance aux récents kelderaś, ćuràri et lovàri qui correspond à la seconde migration (19ème siècle).
Langue
de diaspora, le romani a perdu par endroits une partie de son lexique
et introduit des termes étrangers par nécessité, si bien que parfois les
roms ne se comprennent plus très bien. Mais, malgré les différences,
les éléments conservés demeurant, avec la restauration du vocabulaire
oublié, il a été possible de re-constituer ou de constituer une langue du rassemblement comme il a été fait pour l'hébreu moderne, à la fois "originelle" et "espéranto", la
langue ancienne recréée qui permet donc à tout un peuple de retrouver
sa culture c'est à dire d'abord de se comprendre. Une des plus vieilles
du monde. Il y aurait 65 000 locuteurs actuellement.
*
Note de moi : si le romani a perdu une partie de son vocabulaire, il en
a sans doute fourni à certaines langues hôtes -le turc et surtout le kurde
-le kurmandji- où on trouve des mots sanskrits (à moins qu'ils n'y
aient été précédemment) exemple : "gel" veut dire "groupe" en kurmanji,
(cel en sanskrit) ; mirov, homme (manush en sanskrit -man en anglais-)
etc... Une interrogation : le terme "romanichel" que l'on traduit par
groupe -cel- d'hommes -rom-... ne proviendrait-il pas de rom (parfois
traduit par "artiste" ou "artisan") + manush (hommes en romani et en
sanskrit) + cel, groupe ? ce qui donnerait alors "groupe d'hommes
artistes" ? Car on voit mal
pourquoi le mot "homme" semble écrit deux fois (rom+manish), à moins de
supposer que c'était pour relier deux tribus différentes, les roms -du
"sud"-, et les manush -de l'Est-? Ce qui donnerait alors "groupe de manush et de roms", les gitans étant en ce cas "exclus" de l'ethnonyme. Serait-ce la cause de leur refus -parfois violent- du terme rom ou romanichel ?
De même en turc, "génocide" se dit "soykirimi", (samudaripen en romani)...
Une
parenthèse rigolote : l'argot parisien ou des banlieues comprend
beaucoup de mots d'origine romani (chouraver ; lashav -honte-; minj
-vagin-; moulène)... si bien que les petits truands qui croient
s'exprimer à la coule en fait usent sans s'en douter d'un vocabulaire
sanskrit, la langue savante entre toutes.
Référence : Marcel Courtiade, (second article)
**
En Hongrie, où la population rom est entre 400 et 700 000 personnes,
l'assimilation, parfois violente -des enfants étant enlevés à leur
parents sous le règne de Marie-Thérèse, celle-ci refusant une nation
dans une nation, le romani interdit etc..- a été la plus forte d'où le
terme de "romungros", romhongrois.
Un cas particulier, la Hongrie et les Balkans,
l'amour et la haine
Répartition des roms en Europe.
Une carte assez différente de celle du début du blog !
Turquie-Roumanie, Bulgarie-Hongrie-ex Yougoslavie-Espagne
seraient les pays où ils sont les plus nombreux.
40 à 70% des roms européens vivent dans les Balkans, refoulés d'Europe de l'ouest après un bref séjour -leur périple ayant parfois pris l'allure d'un aller-retour [sauf dans le Midi de la France et en Espagne où des communautés s'implantèrent solidement] ou appelés du 15ème au 17ème
siècle par les hongrois et les bulgares en guerre contre les turcs pour
participer aux "compagnies" militaires comme forgerons, soigneurs de
chevaux ... indispensables. Ils se sédentarisèrent de plus en plus mais
après la victoire au 17ème, la politique violente
de Marie-Thérèse qui bannit le mot tsigane, remplacé par celui de
"nouvel hongrois", aboutirent à une quasi perte d'identité.
De même Mustapha Kemal imposa-t-il le terme de "turcs des montagnes" pour les kurdes
qui après avoir défendu la Turquie en première ligne, furent ensuite
"interdits de culture" et de langue sous prétexte d'unification du pays.
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Quelques mots sanskrits à
l'origine de mots latins et/ou français
-le sanskrit est une langue rigolote-
l'origine de mots latins et/ou français
-le sanskrit est une langue rigolote-
hrepan : apte à faire honte, cf répugnant.
adin : qui réjouit, distrait, amuse, cf baladin
rada : bruit, grondement, cf râle
hras : diminuer, s’amoindrir, cf raser
aksa : essieu de voiture, objet tournant, cf axe
akritya : le mal, cf crime.
Amsa : épaule, en latin umerus, cf humérus
mudarem : tuer, cf meutre
sutra : extrait, tiré de, jus, suc,
mudarem : tuer, cf meutre
sutra : extrait, tiré de, jus, suc,
désigne
aussi l'enfant d'un kshatrya et d'une brahamani ! destiné à devenir
conducteur de char et "bateleur" d'un seigneur militaire dont il devra
aussi écrire au fur et à mesure, en vers, la chronique des haut-faits et
la diffuser -la déclamer- au passage pour les fans, à la fois agent
publicitaire chargé de com, troubadour et chef de staff : Aragon ou
Froissard et Philippe Noiret réunis.. en sanskrit, cela se dit en un
seul mot de cinq lettres.
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