Un maire hors la loi (de plus). Des enfants privés d'école

Des enfants roms -ou "voyageurs"- victimes d’un maire et d’un préfet. Charlemagne à rebours ! Une "Fère" pas très fraternelle (lien avec "Dépêches tsiganes").

Selon L’Aisne Nouvelle du 14/9, les enfants d’un groupe stationnant pour 15 jours à "La Fère" sont privés d’école par le maire. La loi du 5 juillet 2000 ? Bof. Dès leur arrivée, les parents ont voulu les inscrire. Niet, bien qu'il dispose de locaux –il est donc hors la loi–. Prétexte ? Un désaccord avec le préfet (?!!) Le rapport ? Aucun. L’obligation scolaire s’impose en toutes circonstances, tout enfant présent sur le territoire français a le droit et le devoir d’être scolarisé et aucune autre considération ne permet d’y déroger, ni le statut administratif des parents, ni leur type d’habitat, ni d’éventuelles violations d’une quelconque législation par eux ou... par le Préfet (!) sans quoi chaque "mairubu" serait libre de choisir les gosses selon son appréciation perso de la gravité du délit (!), pouvant décréter par exemple que sont exclus les enfants de parents n’ayant pas un casier vierge ou d’une nationalité qui ne lui plairait pas..! C'est cependant, en moindre, à peu près ce qui se passe ici. Charlemagne à rebours !

Celui-ci ne s’en prend donc au préfet accusé de n’avoir pas réalisé les terrains inscrits dans le schéma départemental. Quel rapport ? Aucun. Les enfants n'en sont en rien responsables mais au contraire victimes. (Victimes un jour, victime toujours, on dit ici "otage".) Le maire a obligation de veiller à ce que chacun séjournant sur sa commune soit scolarisé, les parents devant tout mettre en œuvre pour qu'ils fréquentent l’école la plus proche. En cas de défaillance*, locaux trop petits, inexistants ou maladie, c’est l’Éducation nationale qui prend le relais -renforçant les équipes s’il faut ou mettant en place un dispositif d’enseignement à distance (CNED) qui ne vaut pas pour l'apprentissage de la lecture!!- Les parents peuvent néanmoins demander à ce que l’instruction se fasse à leurs frais dans la famille mais en ce cas c'est le maire et l’Éducation nationale qui doivent veiller à ce que ce soit effectif. En somme, il est payé pour cela.

Et là, que se passe-t-il ? Exactement le contraire : renvoi des responsabilités par.. des "responsables" ! sur les enfants et leur parents, ainsi mis eux aussi dans l'illégalité. Burlesque. Scénario-catastrophe, on peut même imaginer que la DASS, leur reprochant de ne pas scolariser leurs gamins, leur retire par exemple les prestations s'ils en perçoivent voire les gosses eux-mêmes, après tout pourquoi pas? Y a-t-il un avocat sur ce fil ?

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Note

L'analphabétisme des rroms, souvent caché est extrêmement préjudiciable -encore plus pour eux- car il les isole davantage encore du monde des non rroms et génère parfois des malentendus pénibles où le racisme -ou le pseudo racisme- s'infiltre allègrement. En voici un exemple récent, devant la cathédrale d'Alès la semaine dernière (lien.) Ce que j'avais pris pour de l'indifférence et presque de l'hostilité n'était qu'incompréhension reliée à cette dramatique lacune dont les non roms sont responsables, notamment ces petits maires de villages qui leur mettent des bâtons dans les roues. Il a seulement fallu qu'une très jeune femme -parfaitement vêtue, sortant d'une voiture impec, avec enfants idoines etc..- osât me demander de lui lire ce qui était écrit sur l'affiche -quatre lignes- pour que le déclic s'effectue : en fait, aucun de ceux qui, arrogants avais-je cru, passaient sans regarder, ne savaient lire, ou si mal qu'ils n'osaient pas s'arrêter -timidité, un peu de honte sans doute-. Lire, ni pour l'une, parler français... mais ô stupeur, un anglais convenable, en tout cas meilleur que le mien (!). Malentendus. Impensable car il ne s'agissait visiblement pas de "marginaux" ou du moins de gens dans la misère, étant donné du moins l'apparente qualité de leurs véhicules -mais il est vrai que pour les rroms, la voiture représente à la fois la maison et un accessoire indispensable pour tailler la route en cas d'urgence, le plus important de tous !-

* Être maire n'est pas toujours chose aisée certes et il arrive en effet que l'on les place dans des situations compliquées voire insolubles mais enfin ils l'ont choisi. Il me souvient de la période de la guerre d'Algérie, lorsque les pieds-noirs affluaient à Marseille, de la proviseuse affolée se baladant dans les couloirs du lycée Longchamps suivie d'une petite troupe et casant au fur et à mesure les élèves dans des classes, au grand désespoir des profs ("mais j'en ai déjà 48!".. "Seulement 48? Je vous en mets donc quatre, faites de la place à vos camarades mesdemoiselles.") Nous n'avions même plus de chaises ni de bureau et cependant nous nous sommes débrouillées -assises par terre au départ- même si certaines matières, dessin, musique, nous furent réduites voire supprimées.. et notre scolarité n'en souffrit pas -trop-. Ce que nous avons pu faire en temps de guerre avec une certaine bonne humeur peut aussi se faire en temps de paix, Monsieur le Maire, courage!